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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/142

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On examine son porte-feuille, on compte son argent, la prise ne pouvait être meilleure ; Saint-Florent avait près de quatre cent mille francs payables à vue sur la capitale, quelques bijoux, et environ cent louis comptant. Ami, lui dit le Cœur-de-Fer, en lui présentant le bout d’un pistolet sous le nez, vous comprenez qu’avec de telles richesses nous ne pouvons vous laisser la vie ; nous serions bientôt dénoncés. Oh ! monsieur, s’écria Justine, en se précipitant aux pieds de ce brigand, je vous conjure de ne pas me donner, à ma réception dans votre troupe, l’horrible spectacle de la mort de ce malheureux ; laissez-lui la vie ; ne me refusez pas la première grâce que je vous demande, et recourant tout de suite à une ruse assez singulière pour légitimer l’intérêt qu’elle paraissait prendre à cet homme ; — le nom que vient de se donner, monsieur, me fait croire que je lui appartiens d’assez près ; ne vous étonnez pas, dit-elle, en s’adressant au voyageur, de trouver une parente dans cette situation ; je vous expliquerai tout cela ; à ce titre, poursuivit-elle avec chaleur, en implorant de nouveau Cœur-de-Fer ; à ce titre, monsieur, accordez-moi la vie de cet infortuné ; je reconnaîtrai