Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/184

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n’appercevait plus dans ce jeune homme que du dépit, de l’humeur, et sur-tout beaucoup d’impatience de voir si long-tems, en de telles ; mains, des richesses qui, selon Bressac, auraient déjà dû lui appartenir ; elle n’y voyait plus que la haine la plus invétérée contre cette femme si honnête et si vertueuse, la révolte la plus constatée contre tout ce que les sots appellent les sentimens de la nature, et qui, bien analysés, ne sont que de purs effets de l’habitude.

Il est donc vrai que quand on est parvenu à transgresser aussi formellement dans ses goûts l’instinct de cette prétendue loi, la suite nécessaire de ce premier écart soit un penchant des plus violens à se précipiter bientôt dans mille autres.

Quelquefois l’ardente Justine employait des moyens pieux ; souvent consolée par ceux-là, parce qu’il est du caractère de la faiblesse de se contenter toujours des chimères, elle essayait de faire passer leurs illusions dans l’ame de ce pervers ; mais Bressac, ennemi déclaré des mystères de la religion, frondeur opiniâtre de ses dogmes, antagoniste outré de son auteur, au lieu de se laisser dominer par les opinions de Justine, s’efforça