Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/209

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reur ne prouve jamais que des filoux d’une part, et des imbécilles de l’autre.

Elle arrive enfin sur le trône, cette infâme religion ; et c’est un empereur faible, cruel, ignorant, fanatique, qui, l’enveloppant du bandeau royal, en souille ainsi les deux bouts de la terre. O Justine ! de quel poids doivent être ces raisons sur un esprit examinateur et philosophe ! Le sage peut-il voir autre chose, dans ce ramas de fables épouvantables, le fruit dégoûtant de l’imposture de quelques hommes, et de la fausse crédulité d’un plus grand nombre. Si Dieu avait voulu que nous eussions une religion quelconque, et s’il était réellement puissant, ou, pour mieux dire, s’il y avait véritablement un Dieu, serait-ce par des moyens aussi absurdes qu’il nous eut fait part de ses ordres ? serait-ce par l’organe d’un bandit méprisable qu’il nous eut montré comme il fallait le servir ? Sil est suprême, s’il est puissant, s’il est juste, s’il est bon, ce Dieu dont vous me parlez, sera-ce par des énigmes ou des farces qu’il voudra m’apprendre à le servir ou à le connaître ? Souverain moteur des astres et du cœur de l’homme, ne peut-il nous instruire en se servant des uns, ou nous parler en se gra-