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plongeraient bientôt au cercueil. Voici donc l’enfant né et nourri, sans que nous ayons encore découvert ni dans l’une ni dans l’autre de ces opérations, aucun motif de reconnaissance envers celle qui lui donna le jour, et qui le lui conserve. Me parlerez-vous des soins qui suivent ceux de l’enfance ? Ah ! n’y voyez d’autres motifs que ceux de l’orgueil de la mère ; ici la nature muette ne lui commande pas plus qu’elle ne le fait aux autres femelles animales ; au-delà des soins nécessaires à la vie de l’enfant, et à la santé de la mère, mécanisme qui n’est pas plus extraordinaire que celui du mariage de la vigne à l’ormeau, au-delà de ces soins, dis-je, la nature ne dicte plus rien, et la mère peut abandonner l’enfant, il s’élèvera et se fortifiera sans elle ; ses secours sont absolument superflus ; ceux des animaux souffrent-ils dès qu’ils ont quitté le teton ? C’est par habitude… par vanité que les femmes prolongent ces soins, et loin d’être utiles à l’enfant, ils affaiblissent son instinct, ils le dégradent, ils lui font perdre son énergie ; on dirait qu’il a toujours besoin d’être conduit. Je vous demande maintenant, si, parce que la mère continue de prendre des soins dont l’enfant peut se passer, et qui ne