Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/103

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vint aussitôt m’éclairer : j’idolâtrais Durand, la plus légère méfiance nous brouillait ; était-il possible qu’on me laissât-là !… le fossoyeur n’allait-il pas revenir ; ne devenais-je pas, s’il n’arrivait rien, mille fois plus sûre de mon amie : quelle tranquillité pour l’avenir ! Eh bien, dis-je promptement à la Durand, pour te prouver qu’il ne peut entrer nuls mauvais soupçons dans mon ame, je reste ; fais ce que tu voudras, Cordelli ; mais souviens-toi qu’il me faut mille sequins pour cette complaisance : tu les auras, dit le négociant, ta docilité me paraît sans bornes, elle sera récompensée.

On met à bas les restes de la jeune fille, je les remplace ; Cordelli m’enveloppe du linceul ; il me baise trois ou quatre fois le trou du cul ; ah ! le beau cadavre, s’écrie-t-il en tournant trois ou quatre fois autour de moi, puis il remonte avec la Durand.

Je l’avoue, un froid mortel me saisit quand j’entendis la pierre se refermer sur moi. Me voilà donc, me dis-je, à la disposition de deux scélérats ; étrange aveuglement du libertinage, où vas-tu peut-être me conduire ! mais cette épreuve était nécessaire… Je vous laisse à penser combien mon trouble