Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/105

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mes : Durand voulut passer cette nuit avec moi.

Voilà une aventure qui nous lie pour jamais, dis-je à mon amie, elle cimente éternellement notre amitié, notre confiance, elle resserre nos nœuds pour la vie. Je te l’ai dit, Juliette, me répondit la Durand, nos armes réunies feront beaucoup de mal aux autres, elles ne se dirigeront jamais contre nous. N’est-il pas vrai, dis-je, que si tu avais eu une autre femme, elle restait dans le caveau ? Assurément, me répondit la Durand ; et je te jure qu’il m’a offert deux mille sequins pour t’y laisser. Eh bien ! dis-je, cherchons une jolie fille, proposons-là lui, et divertissons-nous de sa passion. — Mais, tu l’as cette fille desirée. — Qui donc ? — Elise. — Comme tu en veux à l’une ou l’autre de mes femmes ; est-ce jalousie ? — Non, mais je n’aime pas à voir près de toi quelqu’un que tu puisses croire t’être plus attaché que je ne la suis : n’es-tu donc point lasse de cette fille ; je te laisse l’autre, mais celle-là, certes, je crois que tu en as assez joui, il n’y a pas de nuit que tu ne couches entre toutes deux : eh bien ! mon ange, je la remplacerai. — Ton projet