Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/111

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avez pu ne pas m’être indifférente autrefois, mais aujourd’hui je suis lasse de vous : il y a plus de trois mois que je ne vous garde que par charité. Par charité, madame ? — Oui, d’honneur, que deviendrez-vous sans ma pitié ? une raccrocheuse des rues. Remerciez-moi donc des soins que je me suis donnés pour vous procurer quelqu’un, et branlez-moi par reconnaissance. Je la mis nue, j’examinai tous ses charmes, et l’esprit dans lequel je les voyais, pensa me faire mourir de volupté : ah ! comme j’étais doucement remuée, en me disant, dans trois jours ce beau corps sera la proie des vers, et je serai la cause de cette destruction. Élan divin de la luxure, inexprimables voluptés du crime, voilà donc les ravages que vous produisez dans l’organisation d’une femme libertine ! Elise !… Elise ! toi que j’aimais, je te livres à des bourreaux, et j’en décharges !

Comme la petite coquine, pour tâcher de se faire regretter, redoublait de soins avec moi, elle triompha bien promptement ; elle me suçait en me socratisant ; j’inondai sa bouche ; je lui rendis ce qu’elle m’avait fait. J’idolâtrais l’idée de la plonger dans le plaisir, avant que de la livrer au supplice ; elle