Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/125

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Pour vous, mes beaux enfans, poursuivit-il, en flagornant et persiflant avec cruauté mes deux femmes ; je vous paye assez cher, pour avoir le droit de faire avec vous tout ce que la perversité de mon imagination pourra me suggérer de plus exécrable… et vous pouvez compter sur d’affreuses souffrances : je connaîtrai bientôt, j’espère, tous les effets de la douleur sur vos ames sensibles.

À ces mots, les malheureuses créatures se précipitent aux genoux de leur farouche tyran. Déjà déshabillées par les vieilles, leurs beaux cheveux noirs flottant en désordre sur leur sein d’albâtre, leurs larmes inondant les pieds de ce bourreau, rendent d’un intérêt au-dessus de tout ce qu’on peut dire, le déchirant spectacle de leur douleur et de leur désespoir… Ah, foutre-dieu ! dit le scélérat, en se laissant aller sur un fauteuil, pendant que je le pollue d’une main, et que je le socratise de l’autre… Comme j’aime ces effets tragiques de l’infortune !… comme ils me font bander !… Voulez-vous un poignard, mes belles amies ? vous pourriez-vous tuer mutuellement, cela serait délicieux pour moi ; et le monstre, en par-