Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/151

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négociant cache ses trésors, et que notre moisson sera bonne. — Mais ses gens qui viennent le reprendre ce soir ? — Nous les ferons boire, et nous nous en déferons de même : nous rentrâmes.

Nous voilà aussi saintes que toi, dîmes-nous, mais de grâce fais-nous rafraîchir, nous mourons de faim. Aussitôt, sur un ordre donne par Cordelli, les deux vieilles servent un assez bon repas, que partagent le maître et ses acolites. Au troisième verre de vin, Durand glisse adroitement la poudre, d’abord à Cordelli, et successivement aux deux autres ; il n’y eut pas moyen d’en donner aux vieilles, elles ne touchèrent à rien : en un instant, la poudre produisit tout l’effet que nous en attendions, et nos trois scélérats tombent à terre comme des sacs. Durand, alors, sauta sur la plus agile des vieilles, va, lui dit-elle, en lui enfonçant un couteau dans le cœur, va joindre tes indignes complices ; si ton maître n’eût été qu’un roué comme nous, il était pardonné, mais dès qu’il croit en Dieu, je veux qu’il aille au Diable : pour toi, dit la Durand à l’autre, si nous te laissons la vie, c’est sous la condition expresse de nous aider d’abord,