Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/17

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toutes, qui humilie prodigieusement mon orgueil. Avec autant de moyens, et peut-être même beaucoup plus qu’elle, Juliette, tu n’affectes pas autant de vanité ; cela console ; je te crois plus de douceur dans le caractère, autant de coquinerie dans l’esprit, mais plus de solidité avec tes amies : je te préfère enfin, et ce diamant de cinquante mille écus, que je te supplie d’accepter, suffira peut-être à t’en convaincre. Charlotte, dis-je en refusant le bijou, l’on peut avec toi convenir de ses vices ; je suis sensible à tes sentimens, et je t’en jure de semblables ; mais je l’avoue, ma chère, je ne fais par caprice, nul cas de ce qu’on me donne, je n’estime que ce que je prends, et si tu veux, rien n’est plus facile que de me satisfaire sur cet objet. — Comment donc ? — Jure avant tout, sur l’amour que tu as pour moi, de ne jamais rien révéler du desir impérieux dont je suis dévorée. — Je le jures. — Eh bien ! je veux voler les trésors de ton mari, je veux que tu me fournisses toi-même les moyens d’y parvenir. — Parles bas, dit la reine, ces gens-ci pourraient nous entendre… Attends, je vais les enfermer.

Jasons maintenant à notre aise, reprend