Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/194

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me servira, dis-je, d’occuper le second poste dans vos arrangemens ? La confiance, le cœur, ces biens si précieux à posséder quand ils sont accordés par quelqu’un que l’on aime, tout-cela m’appartiendra-t-il ? J’ai accepté tout ce que vous m’avez proposé, j’en conviens ; mais il me serait bien plus agréable d’exercer seul cet emploi près de vous, et de n’avoir pas sous mes yeux perpétuellement une rivale aussi dangereuse que votre Zanetti… et le coquin m’écoutait avec autant d’intérêt que de surprise. Quoi ! réellement tu m’aimerais, me dit-il, au bout d’un moment de silence. — Ah ! vous me tourneriez la tête ; ayant absolument tous vos goûts, j’idolâtrerais un amant qui vous ressemblerait. — Eh bien ! ne dis mot, tout cela va s’arranger ; tu es infiniment plus belle que Zanetti, je te préfère, et tu vas régner seule sur mon cœur. — Mais vous allez la mettre au désespoir ; quelle ennemie d’ailleurs je vais me faire ; croyez-vous qu’elle puisse me pardonner jamais de vous avoir séduit ? — Oh ! si elle de nous tracassait bien fort. — Dieu ! quelle idée ! elle me fait frémir ; une femme que j’aime, que vous avez aimée, réfléchissez-vous à ce comble d’horreur ? — Il n’en