Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/218

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mains de la tante, et dans moins de tems que je n’en mets à vous le dire, il fend les trois têtes, en fait jaillir les cervelles, et notre Vénitien décharge en beuglant comme un âne, au fond de l’une de ces masses dont il vient d’arracher l’existence. Il décule ; et les trois malheureux individus qui respirent encore, roulent au milieu de la chambre, en jetant les hauts-cris. Les tigres commettraient-ils des atrocités de ce genre ! Oh ! foutre, me dit Cornaro, je n’eus jamais tant de plaisir ; achevons ces victimes, dit-il en leur lançant à chacune un coup de massue sur la tête ; oui, foutre, achevons-les, et mangeons leurs fesses sur le gril. Scélérat, dis-je à ce barbare, ne te repends-tu donc point des horreurs que tu viens de commettre ? — Oh ! Juliette, quand on est où j’en suis, les seuls remords que l’on connaisse, sont ceux de la vertu.

Ivre de volupté, je tenais ce divin scélérat sur mon sein ; je le branlais, je tâchais de rendre à son physique, par des sensations délicieuses, toute l’énergie que l’éjaculation qu’il avait faite, venait de lui faire perdre ; il bandaillait, mordillait ma gorge, et suçait ma bouche ; je lui disais des hor-