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elle, la tête de votre charmante Rosina, sur le desir de se faire annoncer ce qui doit lui arriver dans le cours de sa vie ; indiquez-lui ma maison, je vous y cacherai, et vous réponds de vous faire jouir d’elle amplement, dans les différentes cérémonies où je la soumettrai pour lui dire sa bonne aventure. Le sénateur, hors de lui, promet à Durand tout ce qu’elle voudra, si elle réussit. La modeste Durand s’informe des passions du père ; et comme le paillard exigeait beaucoup de choses, elle lui demande trois mille sequins. Contarini, fort riche, en compta la moitié d’avance, et le jour est pris pour le surlendemain.

Rosina, très-enflammée du desir de se faire annoncer l’avenir, écrit à la Durand, pour lui demander son jour ; et celle-ci ne manque pas de lui indiquer celui dont elle est convenu avec le père. Elle arrive, renvoie sa duègne ; et, je l’avoue, quand cette belle fille fut débarrassée des gazes qui la couvraient, nous crûmes voir l’astre du jour se montrer, après un orage, sur l’horison de la nature. Représentez-vous ce que le ciel a pu former de plus parfait, et vous n’aurez encore qu’une imparfaite idée de