Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/271

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croire que c’est l’autre : persuadée que j’envoie celle qui flatte ses desirs, Virginie m’accordera tout ; mais quand elle verra que je l’ai trompée… O Juliette ! c’est ce qui m’embarrasse, — Et quelle nécessité y a-t-il renvoyer ? — Sa famille… Venise… la république entière. — Il faut la dénoncer elle-même. — Mais en l’accusant, je ne peux plus en jouir, elle me perdra. — Zeno, vos accusations sont secrètes, vos tribunaux obscurs, vos exécutions nocturnes, promettez à cette fille la grâce de son père, envoyez, ainsi que vous l’avez dit, le billet contraire à ce dessein, jouissez d’elle, accusez-la tout de suite après, je vous proteste que mes femmes et moi nous vous servirons de témoins. Ces petites horreurs sont des jouissances pour mon cœur dépravé, et je m’y livre avec délices ; certifiez que cette créature n’est venue ici que pour vous séduire, nous le soutiendrons de même ; traitez de calomnies, de récriminations, tout ce qu’elle inventera pour sa défense ; payez bien l’avocat de forme qui lui sera donné ; que son procès s’instruise avec autant de promptitude que de mystère, et dans vingt-quatre heures, si vous le voulez