Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/302

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On lèse un individu, en lui manquant lorsqu’il vit, parce que son existence passive reçoit la lésion, et qu’elle souffre du refus que vous faites de lui obéir ; mais quand cette existence est détruite, la douleur ne peut plus avoir lieu ; le choc est nul, puisqu’il n’est plus d’être qui puisse la recevoir ; il est donc parfaitement impossible d’offenser un mort ; donc il résulte que tout héritier qui remplit à son détriment un legs, dans l’unique vue de satisfaire au défunt, est un imbécille aussi complet, que celui qui jeterait son argent dans l’eau ; car celui-ci perd son argent ; et l’autre, sacrifie son bonheur à la satisfaction d’un être qui n’a plus d’existence, et je crois que l’un vaut bien l’autre : il y a, comme cela, tout plein de petites institutions bénignes dans le monde, dont nous ne voulons pas nous défaire, et qui n’en sont pas moins ridicules pour cela. Toutes les clauses testamentaires ne doivent jamais être exécutées : il est absurde de vouloir les remplir ; absurde de vouloir donner à un homme la faculté d’agir quand il est mort ; c’est contre toutes les loix de la nature et du bon sens : voilà donc l’objet résolu. En gardant les cinq cents