Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/333

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selle, lui dis-je sévèrement, n’arguez rien de ce moment d’ivresse où la nature m’a plongée malgré moi ; n’allez pas vous imaginer que ce soit, de ma part, une affaire de prédilection ; j’aime les femmes en général ; vous m’avez satisfaite, tout est dit. Il faut, maintenant, que vous sachiez que votre mère m’a remis cinq cents mille francs pour vous composer une dot ; comme vous auriez pu l’apprendre par d’autres, il est plus simple que je vous en prévienne. — Oui, madame, je le savais. — Ah ! vous le saviez, mademoiselle, je vous en félicite ; mais ce que vous ne saviez pas, c’est que madame votre mère doit ici cette même somme à un certain monsieur de Noirceuil, auquel je l’ai remise, et qui, de ce moment-ci, devient le maître de vous en faire présent, ou de la garder, puisqu’elle lui appartient ; je vous mènerai demain chez ce monsieur de Noirceuil et vous exhorte à beaucoup de complaisance, s’il lui arrive d’exiger de vous quelque chose. — Mais, madame, les leçons de morale et de pudeur qui ont fait la base de l’excellente éducation que j’ai reçue s’accordent mal avec vos conseils ? — Ajoutez mes actions, pendant que vous êtes en train de