Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/336

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sieur de Noirceuil ne vous donne pas votre dot, vous me servirez ; j’ai précisément besoin d’une fille de cuisine, vous laverez la vaisselle au mieux… Et les larmes redoublèrent ici à un tel excès, que je crus qu’elle allait suffoquer… Eh bien ! continuai-je, si ce moyen-là ne vous plaît pas, il vous reste celui de la mendicité, ou de la prostitution… Tenez ; ce dernier parti, je vous le conseillerais, moi ; vous n’êtes pas mal ; il est inoui ce que vous gagneriez à branler des vits…

Madame, dit Fontange en se levant comme une furieuse, je ne suis faite ni pour l’un ni pour l’autre de ces métiers ; laissez-moi sortir de chez vous ; je me repends des actions où je me suis livrée ; j’en demanderai pardon toute ma vie, à l’Être suprême… Je vais retourner dans mon couvent. — On ne vous y recevra plus ; personne n’y paiera votre pension. — J’y ai des amies. — On n’en a plus quand on est pauvre. — Je travaillerai. — Allons, allons, calmez-vous, petite imbécille, séchez ces pleurs ; mes femmes, ce soir, vont avoir soin de vous, je vous mènerai demain chez Noirceuil, et peut-être ne le trouverez-vous pas, si vous êtes douce, aussi dur et aussi méchant que moi :