eût dit que la nature, ennuyée de ses ouvrages, fut prête à confondre tous les élémens, pour les contraindre à des formes nouvelles. On met Justine à la porte, non seulement sans lui donner un sol, mais en lui ravissant même le peu qui lui restait. La malheureuse, confuse, humiliée de tant d’ingratitude et de tant d’horreurs, trop contente d’échapper peut-être à de plus grandes infamies, gagne, en remerciant Dieu, le grand chemin qui borde l’avenue du château ; elle y est à peine arrivée, qu’un éclat de foudre la renverse, en la traversant de part en part : elle est morte, s’écrient, au comble de leur joie, les scélérats qui la suivaient : accourez ! accourez ! madame, venez contempler l’ouvrage du ciel ? venez voir somme il récompense la vertu : est-ce donc la peine de la chérir, quand ceux qui la servent le mieux, deviennent aussi cruellement les victimes du sort.
Nos quatre libertins entourent le cadavre ; et quoiqu’il fut entièrement défiguré, les scélérats forment encore d’affreux desirs sur les restes sanglans de cette infortunée ; ils lui enlèvent ses vêtemens ; l’infâme Juliette les excite ; la foudre entrée par la