Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/371

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de Versailles arrive avec grand fracas dans la cour ; il demande Noirceuil ; c’est à lui qu’il remet les ordres dont il est chargé.

Oh ciel ! s’écrie celui-ci, dès qu’il a lu ; il est dit, ma chère Juliette, que tous les genres de bonheur doivent affluer sur nos têtes aujourd’hui. Le ministre vient de fermer les yeux ; voilà la lettre de la main du Roi, qui m’ordonne de me rendre en hâte à la cour, pour prendre les rênes du gouvernement, Quelle somme abondante de félicités ceci nous promet ! suivez-moi toutes deux, continue Noirceuil, en s’adressant à Juliette et à la Durand ; je ne veux de la vie me séparer de vous ; de quelle nécessité vous m’allez être, au gouvernail du vaisseau que je vais conduire ! vous, Chabert, je vous donne un archevêché ; marquis, je vous nomme à l’ambassade de Constantinople ; vous, chevalier, je vous fais quatre cents mille livres de rente ; vous resterez à Paris, pour surveiller nos affaires, Allons, mes amis, réjouissons-nous, je ne vois dans tout cela, que la vertu de malheureuse : nous n’oserions peut-être pas le dire, si c’était un roman que nous écrivissions. Pourquoi donc craindre de le publier, dit Juliette :