Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/45

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branler depuis qu’elle avait lâché le corps. Oh foutre, mon amour ! déchargeons maintenant toutes deux, étendues sur le bourlet même du Volcan ; nous venons d’y commettre un crime… une de ces actions délicieuses que les hommes s’avisent d’appeler atroce ; eh bien ! s’il est vrai que cette action outrage la nature, qu’elle se venge, elle le peut ; qu’une irruption se fasse à l’instant sous nous, qu’une lave s’ouvre, et nous engloutisse… Je n’étais plus en état de répondre, déjà dans l’ivresse moi-même, je rendais au centuple, à mon amie, les pollutions dont elle m’accablait… Nous ne parlions plus… étroitement serrées, dans les bras l’une de l’autre, nous branlant comme deux tribades, il semblait que nous voulions changer d’ames, par le moyen de nos soupirs embrâsés ; quelques mots de lubricité, quelques blasphêmes, étaient les seules paroles qui nous échappaient : nous insultions à la nature ; nous la bravions, nous la défions ; et triomphantes de l’impunité dans laquelle sa faiblesse et son insouciance nous laissaient, nous n’avions l’air de profiter de son indulgence, que pour l’irriter plus grièvement.