Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/47

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vient de nous inonder, elle n’est autre que la demande que nous fait Olimpe de ses habits ; il faut les lui rendre ; et après en avoir retiré l’or et les bijoux, nous fîmes un paquet du total, que nous jetâmes dans le même trou qui venait de recevoir notre malheureuse amie. Nous déjeunâmes ensuite : aucun bruit ne se fit entendre ; le crime était consommé, la nature était satisfaite. Nous descendîmes, et retrouvâmes nos gens au bas de la montagne ; un malheur affreux vient de nous arriver, dîmes-nous en les abordant, les larmes aux yeux… notre compagne infortunée… en s’avançant trop près du bord hélas… elle a disparue… Oh ! braves gens, y aurait-il du remède ? Aucun, répondirent-ils à-la-fois ; il fallait nous laisser avec vous, cela ne vous serait pas arrivé ; elle est perdue, vous ne la reverrez jamais. Nos feintes larmes redoublèrent à cette cruelle annonce ; et remontant dans notre calèche, en trois quarts-d’heure nous sommes à Naples.

Dès le même jour nous publiâmes notre malheur ; Ferdinand vint lui-même nous en complimenter, nous croyant vraiment sœurs et amies ; quelque dépravé qu’il fut, jamais