Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/54

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ses plaisirs ! oh ! jamais tant d’ingratitude ne se manifesta sur la terre ! et le plus cruel des supplices ne pourrait encore la punir.

En ce moment Elise et Raimonde, parées comme des déesses, vinrent servir le chocolat au prince. Ferdinand ne les avait pas encore vues : quelles sont ces belles femmes, demanda-t-il dans le plus grand trouble ? Nos demoiselles de compagnie, répondis-je, — Pourquoi ne les ai-je pas connues ? — Pouvions-nous soupçonner qu’elles pussent vous plaire ?… Et le paillard oubliant aussitôt et sa prisonnière et son vol, veut que ces deux filles lui soient à l’instant livrées. De tels desirs devenaient des ordres pour nous, dans la circonstance où nous étions. Un boudoir s’ouvre à Ferdinand ; il s’y enferme avec nos femmes, et n’en revient qu’au bout de deux heures, après les avoir excédées. Mes bonnes amies, nous dit-il en sortant, ne m’abandonnez pas, je vous en conjure ; que tout reproche soit oublié, et je vous proteste de ne plus voir en vous, que l’innocence et la probité, et il disparut. Avec une autre tête que celle du faible souverain de Naples, Charlotte était empoisonnée sur-le-champ ; certes, nous lui en avions