Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/56

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sans le moindre accident. Ce fut de-là seulement que Clairwil instruisit son frère du projet qu’elle avait de me suivre à Paris, où elle desirait de terminer ses jours. Elle l’engageait à prendre le même parti ; mais Brisa-Testa ne voulut jamais quitter sa profession, et quelles que fussent les richesses qu’il y eût acquises, il nous protesta qu’il était décidé maintenant à mourir les armes à la main. Eh bien ! me dit Clairwil, c’en est fait, je te donne la préférence sur lui, et je ne veux plus que nous nous séparions. J’embrassai mille fois mon amie et lui jurai quelle n’aurait jamais à se repentir de cette résolution. Que je connaissais mal la fatalité de son étoile et de la mienne, en lui faisant cette promesse !

Nous continuâmes notre route, sans qu’il nous arriva rien d’intéressant jusqu’à Ancône, où, profitant du plus beau tems du monde, nous nous promenions sur le port, lorsque nous remarquâmes une grande femme d’environ quarante-cinq ans, qui nous examinait avec la plus scrupuleuse attention… Reconnaît-tu cette femme, me dit Clairwil ?… Je me retourne…j’observe. Ah ! dis-je pleine d’étonnement, cette créature est notre sor-