Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/63

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Clairwil ? — Elle avait complotté ta mort ; elle est jalouse de tes richesses ; elle a dans sa poche un écrit, où vous vous êtes mutuellement promis d’hériter l’une de l’autre ; elle t’assassinait pour avoir ton bien. — Oh ! l’infernale créature, m’écriai-je en furie ! — Calme-toi, Juliette, calme-toi ; un mot peut te perdre encore ; achève de m’écouter. La felouque, où nous nous embarquions, faisait naufrage… Nous nous sauvions, tu périssais ; venge-toi ; prends ce paquet, il contient la poudre fulminante ; c’est le plus prompt des venins que nous employions. À peine en aura-t-elle pris, quelle tombera à tes pieds comme frappée de la foudre. Je ne te demande rien pour le service que je te rends ; ne le regarde jamais que comme le fruit de mon excessive tendresse pour toi… O ma bienfaitrice, m’écriai-je en larmes ! de quel affreux danger tu me préserves ?… Mais, achève de m’expliquer tout ce mystère… Comment es-tu dans Ancône ?… Comment Clairwil t’a-t-elle vue ? — Je vous suis depuis Naples, où j’étais pour mes poisons : Clairwil qui m’y rencontra, me prescrivit tout ceci ; je vous ai laissée à Lorette, et suis venue dans cette ville pour y disposer une