Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/94

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repas qu’il plût à ces coquins-là de nous payer, et pour lequel vingt d’entr’eux se cottisèrent à deux sequins chacun, ce qui revenait à près de cinq cents francs. Là, nous bûmes, nous mangeâmes, nous nous laissâmes tripoter… foutre, et nous nous abrutîmes, en un mot, au point qu’étendues toutes deux par terre au milieu du cabaret, nous ne nous livrâmes à ces gredins qu’aux conditions préalables, qu’ils nous vomiraient, nous pisseraient et nous chieraient sur le visage, avant que de nous enfiler. Tous le firent, et nous ne nous relevâmes de-là qu’inondées d’urine, d’ordures et de foutre. Mes enfans, dit ma compagne, dès qu’un peu d’ordre eut succédé à ces orgies, il est juste maintenant que nous nous faisions connaître à vous, et qu’en reconnaissance du bon souper que vous nous avez donné, nous vous gratifions de quelques-unes de nos marchandises. Y a-t-il ici quelqu’un qui veuille satisfaire ses vengeances ou ses haines particulières, nous allons lui en fournir les moyens. Munies des meilleurs poisons de l’Italie, dites-nous ceux qui vous conviennent et pour qui vous les destinez. Le croirez-vous, mes amis… oh ! juste ciel,