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peu de ces femmes grosses, dit Antonin, qui les avait mises toutes deux dans l’état où on les voyait ; et la proposition ayant été accueillie, on avance, au milieu de la chambre, un pied-d’estal haut de dix pieds, sur lequel ces deux malheureuses[1], liées dos à dos, pouvaient à peine poser une jambe ; tous les environs, dans un diamètre de trois pieds, sont jonchés d’épines et de ronces à dix pouces de hauteur ; obligées de ne se tenir que sur un pied, on leur donne une gaule pliante à la main pour les soutenir ; il est aisé de voir d’un côté l’intérêt qu’elles ont de ne pas cheoir, de l’autre l’impossibilité de maintenir la position. C’est de cette cruelle alternative que naissent les plaisirs des moines ; ils entourent le pied-d’estal ; environnés eux-mêmes d’objets de luxure, il n’en est pas un d’eux qui n’ait au moins trois sujets près de lui, qui les excitent diversement pendant ce spectacle. Quoiqu’enceintes, ces malheureuses restent plus d’un quart-d’heure en attitude ;

  1. On se souvient que c’étaient les filles de vingt-six ans et de trente. Voyez leur portrait plus haut ; la première était grosse de six mois, l’autre de huit.