Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/249

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ces preuves étant constantes, et maintenant déposées chez le supérieur, la société s’en est rapportée à moi du soin de punir un tel délit, et que j’ai décidé que la mort la plus cruelle pouvait seule en purger les traces. On m’a chargé de prescrire le supplice ; c’est cette nuit même qu’il faut qu’il s’exécute ; et le libertin maniait, baisottait la petite fille, tout en jetant ainsi dans son ame la plus effroyable terreur : Justine le branlait, et il bandait fort dur. Oh ! mon père, dit enfin Eléonore, en se précipitant aux pieds du moine, je vous proteste qu’on vous en impose. — Je ne vous demande pas si cela est vrai ; j’en suis au point de ne pouvoir douter ; il ne s’agit nullement de vous défendre ici sur des faits avérés ; il ne faut que donner le nom de vos complices, ou je vais vous faire subir la question extraordinaire, et je me flatte que nous obtiendrons de vous alors, dans les supplices, ce que vous refusez de bonne grâce ; et comme Eléonore persista dans la négative, Jérôme lui annonça qu’il allait procéder à l’interrogatoire suppliciaire. On passe, à cet effet, dans un cabinet où tout ce qui peut servir à la plus affreuse torture est préparé avec le plus grand soin : toute la compagnie suit