Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/254

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comme cette petite créature était menacée des plus cruels châtimens, si elle disait un seul mot, ou venait à manquer son rôle, elle s’en acquitta à merveille, et la fraude eut tout le succès qu’on pouvait en attendre. Le peuple cria au miracle, laissa de riches offrandes à la vierge, et s’en retourna plus convaincu que jamais de l’efficacité des grâces de cette putain céleste. Nos libertins voulurent, pour doubler leurs impiétés, que Florette parût aux orgies du soir dans les mêmes vêtemens qui lui avaient attiré tant d’hommages, et chacun d’eux enflamma ses lubriques desirs à la soumettre sous ce costume aux plus exécrables caprices ; irrités de ce premier crime, les sacrilèges ne s’en tiennent pas là : ils font déshabiller cette petite fille, la couchent à plat-ventre sur une grande table, allument des cierges, placent un crucifix sur les reins de l’enfant, et consomment sur ses fesses le plus absurde des mystères du christianisme. La pieuse Justine s’évanouit à ce spectacle ; il lui fut impossible de le soutenir ; Jérôme dit que pour l’accoutumer à ces saintes orgies, il fallait aussi lui dire une messe sur le derrière. L’avis passe à l’unanimité. Justine remplace Florette, c’est Jérôme qui officie ; deux bardaches nus lui