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que tu ne lui as donné que les premiers élémens.

Je savais que ma mère devait aller bientôt à une foire célèbre ; qu’elle laisserait pendant son voyage, Sophie sous la garde d’une gouvernante facile à séduire ; je prévins Alexandre de faire tout ce qui dépendrait de lui pour pouvoir disposer de sa sœur à la même époque. Il réussit : Henriette parut avec son frère, et Micheline, notre duegne, consentit à nous laisser goûter tous quatre, pourvu qu’à notre retour nous ne révélions pas qu’elle allait passer l’après-midi chez son amant.

Si mon cousin était l’un des plus beaux garçons qu’il fût possible de voir, Henriette, sa sœur, âgée, comme je vous l’ai dit, de quinze ans, pouvait également passer pour l’une des plus jolies filles de Lyon ; elle était blonde, d’une blancheur éblouissante, la couleur de la rose embellissait son teint, les plus belles dents ornaient sa bouche, et sa taille souple et flexible était déjà fort au-dessus de son âge.

À peine avais-je parlé à Sophie, je l’évitais depuis que j’en avais joui ; une fois déterminé, je lui déclarai que mon intention était qu’elle fît avec mon cousin tout ce qu’elle avait fait