Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/301

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dangereuses de l’impunité. Faites votre devoir, monsieur ; je serai le plus malheureux des hommes, mais je n’aurai pas au moins à me reprocher le crime de ce monstre. Sophie, confondue, me lance d’affreux regards… elle veut parler ; la rage, la douleur et le désespoir rendent ses efforts inutiles ; elle s’évanouit, on l’emporte… La procédure eut son cours ; je parus, j’appuyai, je démontrai mes déclarations. Sophie voulut récriminer, m’indiquer comme auteur de ce fatal projet. Ma mère, qui respirait encore, prit ma défense, et devint elle-même l’accusatrice de Sophie ; elle dévoile sa conduite ; en faut-il davantage pour éclairer l’opinion des juges ! Sophie est condamnée. Je vole chez Alexandre ; eh bien ! lui dis-je, où en es-tu ? — Vous allez le voir, monsieur l’homme de bien, me répond Alexandre ; n’avez-vous pas entendu parler d’une fille qui doit être pendue ce soir, pour avoir voulu empoisonner sa mère ? — Oui ; mais cette fille est ma sœur ; c’est celle dont tu as joui, et ces complots sont mon ouvrage. — Tu te trompes, Jérôme, c’est la mienne. — Scélérat, dis-je en sautant au cou de mon ami, je vois que, sans nous rien dire, nous avons agi par les mêmes moyens ;