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que je n’en fermai pas l’œil de la nuit. À raison d’une réparation à leur voiture, ces deux personnages devaient séjourner dans l’auberge, et, pour les suivre un peu de près, je prétextai quelques affaires, qui devaient également me retenir un jour à Paderborn. De ce moment, il devenait clair que, puisque nous avions trente-six heures à être réunis, il fallait nécessairement faire connaissance. Joséphine, prévenue par moi, devint bientôt l’amie de sa compagne ; on déjeuna ensemble ; on y dîna ; le soir on fut au spectacle ; et c’est au souper du retour que j’eus soin de préparer le piége dans lequel je voulais faire tomber l’une et l’autre victime. Kolmark avait fait les frais du dîner ; il était juste que ceux du souper nous regardassent ce motif me fit quitter la comédie de bonne heure, et j’arrivai seul à l’auberge, sous le prétexte de tout ordonner. Obligé d’aller prendre à l’extrémité de la ville, un ami avec lequel je pars cette nuit pour Berlin, dis-je aux gens de la maison, je vais faire charger ma voiture tout de suite, et l’envoyer m’attendre chez mon compagnon de voyage. Cette précaution paraît toute simple ; tous mes bagages se portent à la voiture ; je n’oublie pas d’y faire mettre