Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/59

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voile jusqu’à la marque flétrissante que lui imprima le barbare Rombeau. Le moine prête à tout la plus grande attention ; il fait même répéter à Justine plusieurs épisodes, qu’il écoute avec l’air de la pitié et de l’intérêt, tandis que la curiosité la plus libidineuse, la paillardise la plus effrénée guide seule ses interrogations. Cependant, si Justine eût été moins aveuglée, aux mouvemens du père, à ses soupirs entrecoupés, au bruit assez violent qu’il fit en courbant le jeune homme pour l’enculer, assurément elle eût cessée d’être dupe ; mais l’enthousiasme religieux est une passion qui trouble l’esprit comme toutes les autres ; la malheureuse ne prit garde à rien. Severino, qui foutait, s’appesantit sur les détails ; Justine répondit à tous avec innocence. Il porta la hardiesse au point de lui demander, cruement, s’il était vrai que les différens hommes avec qui elle avait eue affaire, ne l’eussent jamais enconnée, et combien de fois en tout elle avait été enculée ? si les vits qui l’avaient foutue de cette manière étaient gros ? s’ils avaient déchargé dans le cul ? À ces indécentes questions Justine se contenta de répondre naïvement, que ce dernier crime n’avait été commis sur elle que