Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/73

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

employait, la plus à plaindre, sans doute était celle qui, pendant qu’il agissait sur d’autres, était obligée de le branler, pour en exprimer deux ou trois gouttes de sperme, qu’il ne perdait qu’en se vengeant par des atrocités du vol physique qu’on avait, disait-il, l’air de lui faire.

Antonin, le troisième acteur de ces voluptueuses orgies, était âgé de quarante ans, petit, mince, très-vigoureux, aussi redoutablement organisé que Severino, et presqu’aussi méchant que Clément, enthousiaste des plaisirs de ses confrères, mais s’y livrant dans des intentions différentes. Si Clément, dans cette barbare manie, n’avait pour but que de vexer, que de tyranniser une femme sans s’en amuser autrement, Antonin, jouissant d’elle dans toute la simplicité de la nature, ne la flagellait, ne la tourmentait que pour lui donner plus de chaleur et plus d’énergie ; l’un, en un mot, était brutal par goût, et l’autre par rafinement. Antonin réunissait à cette fantaisie, quelques caprices analogues à ses goûts ; il aimait passionnément à gamahucher une femme, à la faire pisser dans sa bouche, et bien d’autres petites infamies dont nos lecteurs verront les détails à mesure qu’ils parcoureront ces mémoires.