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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/115

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au trou qu’il vient d’entr’ouvrir. Quel caprice ! N’est-ce donc point là précisément tout le contraire de ce que les hommes doivent desirer ?

Le matin, se trouvant un peu rafraîchi, il voulut essayer un autre supplice ; il fit voir à Justine un engin bien autrement gros que celui de la veille ; celui-ci était creux, et garni d’un piston, lançant l’eau avec une incroyable roideur par une ouverture qui donnait au jet plus de deux pouces de circonférence. Cet énorme instrument en avait lui-même neuf de tour sur treize de long. Severino le remplit d’eau très-chaude et veut l’enfoncer par devant : effrayée d’un pareil projet, Justine se jette à ses pieds pour lui demander grâce ; mais le moine est dans une de ces situations énergiques où la pitié ne s’entend plus, où les passions bien plus éloquentes mettent à sa place, en l’étouffant, une cruauté souvent bien dangereuse ; Severino la menace de toute sa colère, si elle n’obéit pas, Justine se prête en frémissant. La perfide machine pénètre des deux tiers, et le déchirement qu’elle occasionne, joint à l’extrême chaleur dont elle est, est prêt à lui ravir l’usage de ses sens. Pendant ce tems, le supérieur,