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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/137

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Antonin, que je ne voudrais jamais faire du libertinage qu’au sein de la plus forte ivresse ; ce n’est qu’alors que je me trouve véritablement en train. Nos garces, dit Severino, ne s’arrangeraient pas de cette clause ; car elles sont mal menées, quand nos têtes sont électrisées par le vin ou par les liqueurs. On entendit en même-tems un cri terrible, qui partait des pieds de Severino. Ce monstre, sans aucun motif, sans d’autres raisons que celles de faire le mal, venait d’enfoncer son couteau dans le teton gauche d’une fille de dix-huit ans, belle comme Vénus, et qui le suçait. Le sang coulait en abondance ; la malheureuse s’évanouit. Severino, quoique supérieur, fut interrogé sur la cause de cette cruauté. Elle m’a mordu en me suçant, répondit-il ; c’est la vengeance qui m’a fait agir. — Oh ! sacre-Dieu, dit Clément, le délit est affreux ; je demande que la putain soit punie conformément au quinzième article du code, qui enjoint de pendre une heure par les pieds toute fille qui manquera de respect aux moines. Oui, dit Jérôme ; mais c’est dans le cours ordinaire de la vie ; au milieu du service libidineux, la peine est plus grave : il s’agit de deux mois de prison, au pain et à l’eau, et