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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/144

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à balancer  ? Mais il fallait avant cette entreprise que les funestes exemples du vice récompensé se reproduisissent encore sous ses yeux. Il était écrit sur le grand livre des destins, sur ce livre obscur dont personne n’a l’intelligence  ; il y était gravé que tous ceux qui l’avait tourmentée, humiliée, tenue dans les fers, recevraient sans cesse à ses yeux le prix de leurs forfaits… Comme si la Providence eut pris à tâche de lui montrer le danger ou l’inutilité de la vertu… Funestes leçons qui ne la corrigèrent pourtant point, et qui dût-elle échapper encore au glaive suspendu sur sa tête, ne l’empêcheraient pas, disait-elle, d’être toujours l’esclave de cette divinité de son cœur  !

Un matin, sans que personne s’y attendît, Antonin arrive au sérail, et annonce que Severino, parent et protégé du pape, vient d’être nommé par sa sainteté général de l’ordre des bénédictins. Dès le jour suivant, le religieux partit effectivement sans voir personne  ; il en était attendu, disait-on, un autre bien autrement féroce et débauché  : nouveaux motifs pour Justine de presser l’exécution de son projet.

Le lendemain du départ de Severino, les