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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/173

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du desir de voir Justine aux prises, et l’accusait intérieurement du peu de moyens qu’elle employait pour enflammer les deux voyageurs, lorsqu’un d’eux saisissant notre aventurière l’enfile tout-à-coup, sans lui donner le tems de se défendre. Oh ! monsieur, que faites-vous, s’écrie la pudique enfant ? quels lieux choisissez-vous pour de telles choses ? Grand Dieu ! savez-vous où vous êtes ? — Comment ? que voulez-vous dire ? — Lâchez-moi, monsieur, je vais vous révéler tout… Votre vie est en danger ; écoutez-moi, vous dis-je ; et le camarade, plus de sang-froid, ayant obtenu de son ami de différer un instant ses projets, tous deux prient Justine de leur éclaircir le mystère qu’elle paraît vouloir annoncer. — Au milieu d’une forêt, messieurs… dans un coupe-gorge, pouvez-vous penser à de telles choses ? Avez-vous au moins de quoi vous défendre ? possédez-vous des armes ? — Oui, voilà des pistolets. — Eh bien, messieurs, ne les quittez pas… que le soin de votre défense vous occupe bien plus que les fades plaisirs ou vous paraissez vouloir vous livrer. — Poulette, dit l’un d’eux, expliquez-vous autrement, nous vous en conjurons ; nous doit-il donc arriver quelques malheurs ? — D’af-