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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/199

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tre, sa gauche, armée d’un pistolet, brûle la cervelle de la mère que Justine continuait de branler. Notre héroïne ne tient pas à cette complication d’horreurs, elle s’évanouit : tel est l’instant cruel où le farouche d’Esterval la saisit ; il l’encule ; sa femme le couvre de cadavres, et le vilain décharge en martyrisant sa victime, pour la rendre, dit-il, à la vie.

Nous aurons une peine de moins, dit d’Esterval en sortant du cachot. — Et quelle est-elle, dit Dorothée ? — Celle de voler ceux-là. — Qui sait, répondit une des servantes, c’est souvent pour ne pas payer que ces coquins-là font les pauvres… Mais, hélas ! ceux-ci ne disaient que trop vrai ; les plus grandes recherches ne rapportèrent qu’un écu. — Exécrable action, dit Justine ! convenez, dit-elle à ses maîtres, que voilà bien ce qui s’appelle un crime gratuit ? Ce n’est que comme cela qu’ils sont bons, répondit d’Esterval ; quand on aime le crime pour le crime seul, il n’a pas besoin de véhicule.

La semaine suivante fut plus heureuse ; il vint des étrangers presque tous les jours ; mais quelqu’avertissement que leur donna Justine, pas un seul ne put échapper ; tous servirent à-la-fois la rapacité, la luxure de ce couple