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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/210

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range au mieux avec vos principes. — Soit ; mais en consolant la femme, ne déplairai-je pas au mari ? Ne serai-je pas d’ailleurs en proie aux brutales passions du scélérat que vous venez de peindre ? — Et quand cela serait, dit Bressac, le beau malheur ! n’étiez-vous pas dans cette maison exposée aux mêmes dangers ? — Malgré moi. — Eh bien ! chez mon oncle, il faudra que ce soit de bon gré, ce sera toute la différence. — Oh ! monsieur, je le vois, votre esprit toujours bien méchant n’a rien perdu de sa causticité ; mais, dès que vous connaissez mon caractère, vous voyez bien, monsieur, que je ne puis me prêter à toutes ces choses. Puisque d’Esterval quitte sa maison, qu’il n’a plus besoin de mon service, quelles obligations je vous aurais à l’un et à l’autre, messieurs, si vous vouliez me rendre une liberté… que dans le fait vous n’avez pas trop le droit de me ravir, — Oh ! pour le droit, il est incontestable, dit d’Esterval ; ne sommes-nous pas les plus forts, et connais-tu, Justine, un droit plus sacré que celui-là ? — Je m’oppose formellement à cette liberté, dit Bressac ; spécialement chargé par mon oncle de lui amener une fille douce et jolie pour sa femme, et n’en trouvant point qui vaille Jus-