Aller au contenu

Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/296

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

arriver enfin sur l’objet de tes craintes, ne t’avises pas de les communiquer à Gernande son cœur de roche entend mal les élans de la sensibilité, et tu pourrais t’en trouver la dupe. Lorsque Verneuil arrivera, conduis-toi bien avec lui  ; sois douce, prévenante, spirituelle  ; caches avec soin les stupides mouvemens de ton cœur  ; je lui dirai du bien de toi  ; et cette connaissance, peut-être, pourra te devenir avantageuse. Quatre gitons entrèrent en ce moment chez Bressac, et mirent fin à une conversation qui n’était pas assez du goût de Justine, pour qu’elle fût fâchée de la voir finir. Restes, si tu veux, lui dit Bressac, tout en baisant et déculottant ses bardaches  ; quoique femme, je ne te verrai jamais de trop dans mes séances de lubricités  ; tu pourras même m’y servir… Mais, la pudibonde Justine, qui n’assistait jamais à de pareilles horreurs que quand elle y était contrainte, se retira en soupirant, et se disant à elle-même  : « O mon Dieu  ! ce que c’est que l’homme, quand une fois ses passions l’asservissent  ; les forêts de la Nubie renferment-elles des bêtes qui soient plus féroces que lui  ? » Elle retournait tristement chez sa maîtresse lui faire part du peu de fruit des négociations qu’elle avait cru