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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/322

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celles où se livre monsieur de Verneuil ?… corrompre ainsi sa propre famille ! — Pourrai-je te demander, Justine, ce que c’est qu’une famille ? ce que l’on entend par ces nœuds sacrés, que les sots appellent les liens du sang ? — Est-il besoin d’une réponse à pareille demande, monsieur ? et peut-il exister un seul être au monde qui ne connaisse et ne respecte ces liens ? — Cet être existe, mon enfant, et je le suis ; persuades-toi bien, je t’en conjure, que rien n’est absurde comme ces prétendus liens ; convaincs-toi que nous ne devons pas plus à ceux de qui nous tenons le jour, que ceux-là ne peuvent nous devoir. — Monsieur, répondit vivement Justine, épargnez-moi tout ce que vous pourriez me dire sur cette matière ; j’ai été bercée de ces sophismes, et pas un ne m’a convaincu. Si l’inceste, l’un des plus grands crimes que l’homme puisse commettre, fait la base des voluptés de votre frère, il est, et sera toujours, sous ce rapport, l’être le plus atroce et le plus coupable à mes yeux. — L’inceste, un crime ! Ah ! mon enfant, dis-moi, je te prie, comment une action qui fait loi sur la moitié de notre globe, pourrait se trouver criminelle dans l’autre moitié ? Presque dans toute l’Asie, dans