Aller au contenu

Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/35

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jours ! Je ne vois pas tout-à-fait comme vous dans cette affaire-la, répondis-je : ne doutez pas, ma chère ame, que vos parens ne donnent à Camille toute préférence sur vous. Je ne sais si cette fille m’aime ; ce qu’il y a de bien sûr, c’est que je ne lui ai jamais donné nul espoir. Mais vos parens se sont ouverts plus directement à moi : ne doutez point que Camille ne soit l’objet de leur unique attachement : je manifesterais près d’eux mon goût pour vous, qu’à coup sûr j’en serais refusé. Vous me proposez la fuite ; ce moyen serait dangereux ; nous nous donnerions avec vos parens des torts, dont eux ou la justice prendraient connaissance, et dont la punition serait bientôt la perte ou de nos fortunes ou de nos vies. Il est, ce me semble, un parti plus avantageux et plus simple : vengeons-nous à-la-fois et de Camille qui complotte contre vos jours, et de vos parens qui l’y excitent. — Et quel est ce moyen ? — Celui que la nature offre à tous les pas dans l’heureux pays où nous sommes. — Du poison ? — Sans doute. — Empoisonner mon père, ma mère et ma sœur ? — Ne conjurent-ils pas contre vous ? — Je n’en ai que le soupçon. — La preuve sera votre mort. Puis Véronique reprenant avec un peu