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que pour cette destruction relative et générale que nous a créé la nature. Gardons-nous donc bien de jamais résister à la sorte de corruption… au genre d’immoralité où nous entraînent ; nos penchans ; il n’y a pas le plus petit mal à s’y livrer. Il résulte donc des principes que j’établis, que l’état le plus heureux sera toujours celui où la dépravation des mœurs sera la plus universelle, parce que le bonheur étant bien visiblement dans le mal, celui qui s’y livrera le plus ardemment sera nécessairement le plus heureux. On s’est bien lourdement trompé, quand on a dit qu’il y avait une sorte de justice naturelle toujours gravée dans le cœur de l’homme, et que le résultat de cette loi se trouvait être le précepte absurde de ne pas faire aux autres ce que nous ne voudrions pas qui nous fut fait. Cette loi ridicule, fruit de la faiblesse de l’être inerte, ne put jamais éclore dans Le cœur de l’individu doué de quelqu’énergie ; et, si j’avais quelques principes moraux à établir, ce ne serait pas dans l’ame de l’être faible que j’irais chercher des préceptes. Celui qui craint de recevoir du mal, dira toujours qu’il n’en faut point faire ; tandis que celui qui se moque des Dieux, des hommes et des loix, ne ces-