Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/75

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elle le veut, mais ce ne sera qu’en la maudissant ; et, furieux de voir que mes passions la servent, je vais si bien démêler ses secrets, que je puisse, si cela m’est possible, devenir encore plus méchant pour la mieux heurter toute ma vie. Ses filets meurtriers sont tendus sur nous seuls ; essayons de l’y envelopper elle-même en la masturbant si je peux, barrons-là dans ses œuvres pour l’insulter plus vivement, et troublons-là, s’il est possible, pour l’outrager plus sûrement. Mais la putain s’est moqué de moi, ses ressources l’emportaient sur les miennes ; nous luttions trop inégalement ; en ne m’offrant que ses effets, elle me voilait toutes ses causes ; je me suis donc restreint à l’imitation des premiers ; ne pouvant deviner le motif qui plaçait le poignard en ses mains, j’ai su lui ravir l’arme, et m’en suis servi tout comme elle ».

Oh ! mon ami, m’écriai-je dans l’enthousiasme, je ne vis jamais une imagination plus ardente que la vôtre… Quelle énergie !… quelle vigueur ! et que de mal vous avez dû faire dans le monde avec une tête aussi vive ! Je n’existe que par le mal et pour le mal, me répondit Almani, le mal seul m’émeut ; je ne respire qu’en le commettant ; mon organisa-