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dance d’objets de luxure ; en fallait-il plus pour y fixer un débauché tel que moi. Je n’avais point repris le costume ecclésiastique ; sûr d’en recouvrer les droits dès que je le voudrais, j’étais bien aise de jouir quelque tems des libertés de l’habit du monde. Je louai une jolie maison sur le port ; un excellent cuisinier, deux filles pour me servir, et deux excellens maqueraux, à l’un desquels je distribuai la classe des gitons, tandis que je chargeais l’autre de la partie des femmes : tous deux me servirent si bien, que, dans ma première année, j’avais déjà vu plus de mille garçons, et près de douze cents jeunes filles. Il existe à Marseille une caste de ces créatures, connue sous le nom de Chaffrecane, absolument composée d’enfans de douze à quinze ans, travaillant aux manufactures ou dans les ateliers, qui fournit aux paillards de cette ville les plus jolis objets qu’il soit possible de trouver. J’épuisai promptement cette classe, et ne fus pas long-tems à me blaser sur cela, comme je l’avais fait sur le reste ; toutes les fois que le crime n’accompagnait pas ma jouissance, il me devenait impossible de la trouver bonne. Je recherchai bientôt, d’après ces principes,