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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/105

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vêtir des voiles de la pudeur. Cette inconséquence, lui assure-t-on, pourrait bien, après ce que l’on voit, aigrir, au lieu d’intéresser. Mon enfant, dit le chef en se découvrant une épaule où pareille écriture se déchiffrait au mieux, tu vois que nous nous ressemblons ; ainsi, crois-moi, ne rougis plus de ce qui t’assimile à ton chef, et apprends que ces marques, loin d’être des flétrissures, sont les lauriers de notre état ; baises celle-ci, je vais coller mes lèvres sur celle que tu me montres. Nous sommes trente ici dans le même cas : eh bien ! voilà pourtant les gens à qui tu donnes l’aumône ; voilà ceux qui ont le talent de t’attendrir, et de tirer des écus de ta poche, au nom d’un Dieu dont nous nous moquons. Allons, suis-nous, bel ange, continue le chef en attirant Justine à lui dans un caveau séparé ; moi et ces vieillards, qui sont mes acolytes, nous allons commencer à tâter le terrain ; nous en rendrons compte à nos camarades, auxquels, ensuite, nous abandonnerons la place, si elle vaut la peine d’être occupée.

Les sexagénaires assaillans de Justine, étaient, en tout, au nombre de six. Des lampes perpétuelles brûlaient dans le caveau