Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/14

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mes : Eh bien ! vous disent ici les imbécilles partisans d’une impossible égalité, nous ne pouvons disputer la priorité physique et morale de certaines créatures sur d’autres ; elle nous frappe, il en faut convenir ; mais accordez-nous au moins que tous les êtres doivent être égaux aux yeux de la loi ; et, voilà certes ce dont je me garderai bien de convenir : comment voulez-vous en effet que celui qui a reçu de la nature la plus extrême disposition au crime, soit à cause de la supériorité de ses forces, de la délicatesse de ses organes, soit en raison de l’éducation nécessitée par sa naissance ou par ses richesses ; comment, dis-je, voulez-vous que cet individu puisse être jugé par la même loi, que celui que tout engage à de la vertu ou à de la modération ? Serait-elle plus juste la loi qui punirait de même ces deux hommes ? Est-il naturel que celui que tout invite à mal faire, soit traité comme celui que tout engage à se comporter prudemment ? Il y aurait à ce procédé une inconséquence affreuse, une injustice abominable, que toute nation prudente et sage ne pourrait jamais se permettre. Il est impossible que la loi puisse également convenir à tous les hommes. Il en est de ce médicament moral comme des re-