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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/166

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avec autant d’agrément que de profit. O mes amis, c’est-là, c’est dans ces belles provinces où j’ai reconnu les passions de l’homme mille fois plus exaltées que dans aucun pays de l’Europe ! c’est-là où je les ai vues parvenir à des résultats dont on ne se doute point dans le reste de la terre. Il semble que l’excessive ardeur du soleil et la force de la superstition leur donnent un degré d’énergie inconnu aux autres hommes ; ce n’est vraiment que là où les piquans plaisirs du blasphême et du sacrilège s’amalgament délicieusement avec ceux du libertinage. Ce n’est que là où la mutuelle énergie qu’ils se prêtent, ajoutent au dernier degré du délire et de l’égarement. Ah ! si vous saviez ce que c’est que de foutre aux pieds d’une madone… au fond d’un confessionnal ou sur le bord d’un autel, ainsi que cela m’arrivait tous les jours. Non, rien au monde n’est délicieux comme l’existence de ces freins uniquement réalisés pour se procurer le plaisir de les rompre. Comme il est divin de rendre ainsi tout le paradis témoin de ses écarts ! Oh ! croyez-moi, les Espagnols sont les peuples de la terre qui raisonnent le mieux leurs voluptés… les seuls qui sachent le mieux en raffiner tous les détails. J’étais enfin la co-