Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/196

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volupté m’inquiète infiniment moins que la mienne dans ce que j’entreprends avec toi ; et cette volupté que je recherche, a été si vive, que je vais encore m’en procurer les jouissances.

C’est de toi, maintenant, dit Roland ; c’est de toi seule, Justine, que tes jours vont dépendre. Il passe alors autour du cou de cette malheureuse la corde qui pendait au plafond ; dès qu’elle y est fortement arrêtée, il lie au tabouret, sur lequel Justine était montée, une ficelle dont il tient le bout, et va se placer dans un fauteuil en face. Dans une des mains de la patiente, est une serpe très-effilée, dont elle doit se servir pour couper la corde, au moment où, par le moyen de la ficelle qu’il tient, il fera manquer le tabouret sous les pieds de Justine. Tu le vois, ma fille, lui dit-il alors, si tu manques ton coup, je ne manquerai pas le mien ; je n’ai donc pas tort de dire que tes jours dépendent de toi. Le scélérat se branle le vit ; c’est au moment de sa décharge qu’il doit tirer le tabouret, dont la fuite va laisser Justine pendue au plafond ; il fait tout ce qu’il peut pour feindre cet instant ; il serait transporté, si Justine venait à manquer d’adresse. Mais il a beau faire, elle