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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/210

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gauche ; je ne sais ce que je voudrais lui faire, — Oh ! monsieur, dit Justine, ayez pitié d’elle, il est impossible que ses douleurs soient plus vives. — Elles pourraient l’être beaucoup plus, dit le scélérat : ah ! si j’avais ici ce fameux empereur Kié, l’un des plus grands monstres que la Chine ait vu sur son trône, nous ferions bien autre chose, vraiment[1] ; sa femme et lui, chaque jour, immolaient des victimes : tous deux, dit-on, les faisaient vivre dans les plus terribles angoisses, et dans

  1. L’empereur Chinois, Kié, avait une femme aussi cruelle et aussi débauchée que lui : le sang ne leur coûtait rien à répandre ; et, pour leur seul plaisir, ils en versaient journellement des flots. Ils avaient, dans l’intérieur de leur palais, un cabinet secret où les victimes s’immolaient sous leurs yeux, pendant qu’ils foutaient. Théo, l’un des successeurs de ce prince, eut, comme lui, une femme très-cruelle : ils avaient inventé une colonne d’airain, que l’on faisait rougir, et sur laquelle on attachait des infortunés sous leurs yeux. « La princesse, dit l’historien dont nous empruntons ces traits, s’amusait infiniment des contorsions et des cris de ces tristes victimes ; elle n’était pas contente, si son mari ne lui donnait fréquemment ce spectacle. » Hist. des Conj., pag. 43, tom. 7.